RSOC Vol. 10 No. 12 2013 pp 17. Publié en ligne 12 octobre 2013.

Services de basse vision pour les enfants en Tanzanie

Elizabeth Kishiki

Coordinatrice Cécité infantile et basse vision, Kilimanjaro Centre for Community Ophthalmology.


Paul Courtright

Directeur, Kilimanjaro Centre for Community Ophthalmology, Moshi, Tanzanie.

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Beaucoup d'enfants ont bénéficié du programme pour la basse vision. TANZANIE © Elizabeth Kishiki
Beaucoup d’enfants ont bénéficié du programme pour la basse vision. TANZANIE © Elizabeth Kishiki

Le Kilimanjaro Centre for Community Ophthalmology (KCCO) en Tanzanie participe à un projet-pilote d’une durée de cinq ans, dont l’objectif est l’amélioration des services de basse vision pour les enfants. Auparavant, les prestataires de soins de basse vision se limitaient à quelques hôpitaux de niveau tertiaire auxquels très peu d’enfants avaient accès.

Les enfants présentant une basse vision étaient généralement envoyés dans des écoles pour aveugles, la plupart sans même avoir subi un examen ophtalmologique ou un test de réfraction. Dans ces écoles, généralement, beaucoup d’enseignants pensent que la lecture « détruit la vue » et que les enfants atteints de basse vision doivent apprendre à lire le Braille. Ils croient également que les enfants présentant une déficience visuelle « deviendront aveugles à long terme ».

Pour remédier à cette situation, il était nécessaire d’améliorer l’offre de soins pour la basse vision, ainsi que les liens entre les secteurs de l’éducation et de la santé oculaire. Pour améliorer les prestations de services pour la basse vision, il a été décidé d’intégrer les soins basse vision dans les services de santé oculaire existant aux niveaux du district et de la région et de former les nombreux optométristes déjà en poste aux niveaux de la région et du district (qui correspond à un million d’habitants environ).

L’un des facteurs essentiels à la réussite de ce programme a été la nomination d’une coordinatrice Cécité infantile et basse vision (Elizabeth Kishiki), dont le rôle était de coordonner, planifier et former. Chaque optométriste formé à la basse vision se voyait ensuite attribuer un rôle de premier plan dans sa région et devait régulièrement faire rapport de ses activités.

Afin d’améliorer les liens entre le secteur éducatif et le système de santé, des activités de sensibilisation des enseignants ont permis de leur faire comprendre la nécessité des évaluations régulières et soins pour la basse vision, ainsi que l’importance d’utiliser des textes imprimés (plutôt que du Braille) le cas échéant. Certaines des séances de formation regroupaient les enseignants et les optométristes, ce qui a amélioré la coopération et collaboration entre ces professionnels. Pour assurer la durabilité du projet, un module basse vision a été ajouté au programme des étudiants en enseignement spécialisé du centre de formation situé à Arusha. Des réunions ont également permis d’améliorer la collaboration entre le gouvernement, les organisations non gouvernementales et les intervenants du secteur privé dans les domaines de l’éducation et de la santé oculaire. Il a fallu concrétiser ce consensus national au niveau régional ou du district et au niveau local, essentiellement en offrant des formations aux enseignants et aux personnels de santé oculaire.

Il était crucial de mettre en place un suivi régulier. Des rappels par SMS ont été envoyés aux parents pour assurer la présence des enfants aux visites annuelles de suivi clinique. La coordinatrice a régulièrement rendu visite aux optométristes, se rendant avec eux dans les écoles pour régler tout problème éventuel.

La formation de responsables de l’éducation spécialisée au niveau du district, contrôlant leur propre budget annuel, a dans certains cas entraîné l’inclusion des évaluations de la basse vision, des verres correcteurs et des aides visuelles optiques et non optiques dans le budget du district.

Lorsque ce projet a été lancé, seuls 13 % des enfants dans les classes d’éducation spécialisée étaient examinés par un professionnel de la santé oculaire avant leur admission. Maintenant, quatre ans plus tard, 82 % des enfants ont bénéficié d’une évaluation et ont reçu des soins basse vision lorsque cela s’avérait nécessaire. Il reste certains défis à surmonter, mais les résultats très positifs en valent la peine.

Les auteurs tiennent à remercier Light for the World Pays-Bas, Seva Canada et Light for the World Autriche.