RSOC Vol. 03 No. 02 2006 pp 27 - 29. Publié en ligne 09 août 2006.

VISION 2020 au niveau du district

Colin Cook

Ophtalmologiste CBMI, Groote Schuur Hospital VISION 2020 Project, Cape Town, Afrique du Sud.


Babar Qureshi

Directeur, Academics and Research, Pakistan Institute of Community Ophthalmology (PICO), PO Box 125, GPO, Peshawar, Pakistan.

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Une équipe établit un plan VISION 2020. MALAWI. Moses Chirambo
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Contexte de VISION 2020 au niveau du district

Comme le dit un proverbe africain : « Comment manger un éléphant ? – Lentement, une bouchée après l’autre, avec l’aide de ses amis ». Nous pouvons appliquer cette sage leçon à VISION 2020 : « Comment résoudre le problème apparemment insurmontable de la cécité dans le monde ? – Une étape après l’autre, en découpant ce problème en morceaux faciles à digérer et en travaillant tous ensemble en équipe ».

  • Le plaidoyer s’effectue au niveau mondial et régional.
  • La planification stratégique s’effectue au niveau national.
  • La mise en œuvre réelle, cependant, s’effectue au niveau du district.
Figure 1. Le programme national VISION 2020 doit être constitué de plusieurs programmes de district. Illustration : Victoria Francis
Figure 1. Le programme national VISION 2020 doit être constitué de plusieurs programmes de district. Illustration : Victoria Francis

On recommande que chaque programme de district VISION 2020 soit une unité de mise en œuvre correspondant à environ un million de personnes (500 000 à 2 millions). Cette unité administrative d’environ un million de personnes peut être désignée par des noms différents selon les pays : sous-district, district, région, province, etc. Par « programme de district VISION 2020 », nous entendons cette unité de mise en œuvre, quel que soit le nom qu’on lui donne. Elle représente un « morceau de l’éléphant ». Dans un pays de 40 millions d’habitants, il ne faut pas planifi er un programme national unique pour réussir VISION 2020, mais 40 programmes de district séparés qui, tous ensemble, formeront le programme national (Figure 1).

Que comporte un programme VISION 2020 au niveau du district ?

Les programmes de district VISION 2020 sont développés comme des plans opérationnels annuels et doivent s’intégrer pleinement dans le plan opérationnel du district en matière de santé générale. Ils doivent également respecter le plan quinquennal national VISION 2020. Chaque programme de district VISION 2020 doit, dans la mesure du possible, être intégré au système de santé du district et obéir aux principes des soins de santé primaires (programme dit « horizontal »). Ces principes sont : l’équité, la participation communautaire, une approche multisectorielle, la mise en place de technologies adaptées ; il faut également mettre l’accent sur la prévention. Les programmes de district offrent un éventail complet d’activités en santé oculaire, qui comprennent : la promotion sanitaire, la prévention des maladies oculaires, le traitement et la réhabilitation. Le lancement de VISION 2020 a permis de coordonner ces quatre éléments qui, par le passé, fonctionnaient séparément et sans cohérence. Un système de santé oculaire complet se doit d’être disponible, accessible, abordable et responsable.

Figure 2. Les trois composantes d’un programme VISION 2020
Figure 2. Les trois composantes d’un programme VISION 2020
Figure 3. Mise en œuvre de VISION 2020
Figure 3. Mise en œuvre de VISION 2020

Chaque programme de district comporte une composante de santé oculaire communautaire et un centre de chirurgie basé dans un hôpital de district (Figure 3). Il existe des modèles de planification et de gestion des programmes de district pour VISION 2020, mais le défi consiste à utiliser ces modèles en les adaptant au contexte local : tous les programmes de district VISION 2020 comportent les mêmes éléments, mais chaque programme est différent car les districts ne se ressemblent pas.

Dans la première phase de VISION 2020, les maladies prioritaires sont : la cataracte et les défauts de réfraction (dans tous les districts) ; le trachome, les carences en vitamine A et l’onchocercose (dans les districts où ces maladies représentent un problème de santé publique). Une fois que la lutte contre ces maladies est bien engagée, on peut s’intéresser au glaucome et à la rétinopathie diabétique.

Figure 4. Modèle de programme VISION 2020 (par million de personnes)
Figure 4. Modèle de programme VISION 2020 (par million de personnes)
Figure 5. Modèle de programme VISION 2020 - résumé des services à mettre en place
Figure 5. Modèle de programme VISION 2020 – résumé des services à mettre en place

Les recommandations de VISION 2020 concernant les ressources humaines au niveau du district distinguent les besoins au niveau primaire des besoins au niveau secondaire (Figure 4). On peut y apporter des modifications locales en fonction des normes et des ressources.

La liste des instruments et des consommables recommandés par VISION 2020 au niveau du district fait également la distinction entre niveaux primaire et secondaire (Figure 4). Là encore, on peut apporter à cette liste les modifications qui se justifient au niveau local.

La figure 5 illustre le modèle de services de santé oculaire pour les programmes de district VISION 2020 ; les activités recommandées sont centrées sur la cataracte, les défauts de réfraction, la basse vision, le trachome, la carence en vitamine A et l’onchocercose.

Partenariats pour VISION 2020

La notion de partenariat est au cœur de VISION 2020 : il s’agit de « manger l’éléphant » avec ses amis.

Nos ministères de la santé se sont engagés envers VISION 2020 lors de la 56ème Assemblée mondiale de la Santé, en 2003. C’est à eux que doivent appartenir en premier lieu les programmes de district VISION 2020, avec l’aide des ONG partenaires locales et internationales. Idéalement, le financement devrait provenir de tous les partenaires. Il est souvent plus facile pour les ministères de fournir le soutien attendu sous forme de salaires ou de couvrir les frais généraux de fonctionnement ; les ONG peuvent financer l’achat des fournitures et des consommables.


Le contexte africain : leçons à tirer

En Afrique, le principal obstacle à la mise en œuvre de VISION 2020 au niveau du district est le manque de ressources humaines, dans le domaine de la clinique tout comme dans celui de la gestion. Il existe en Afrique un chirurgien de la cataracte par million de personnes. Il nous faut doubler cet effectif. Actuellement, chaque chirurgien de la cataracte réalise moins de 500 opérations de la cataracte par an ; il nous faut également doubler ce nombre. Nous ne pourrons atteindre ces objectifs que grâce à une gestion efficace au niveau du district. En Afrique, il existe très peu de programmes VISION 2020 de district gérés efficacement. Ce sont là les leçons que nous avons tirées de notre expérience : il est indispensable de former plus de chirurgiens de la cataracte et il est tout aussi important de former des gestionnaires efficaces. Le développement des ressources humaines doit être une priorité.