Aider les patients à adhérer au traitement antiglaucomateux au Ghana
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Il faut soutenir les patients dans plusieurs domaines, y compris par un plaidoyer pour des médicaments oculaires abordables.
Au Ghana, comme dans beaucoup d’autres pays à faible ou moyen revenu, les patients à qui l’on a prescrit des médicaments contre le glaucome arrêtent souvent leur traitement et ne reviennent en consultation que lorsque leur vision s’est fortement détériorée.
Voici quelques-unes des raisons avancées par les patients pour expliquer leur non-adhésion au traitement :
- « J’utilise les gouttes uniquement quand je ressens les symptômes. »
- « Je me suis senti mieux après avoir utilisé le collyre. Je n’ai pas ressenti le besoin d’utiliser les gouttes tout le temps, donc je les utilise juste de temps en temps. »
- « La fréquence d’utilisation recommandée par l’ophtalmologiste ou le pharmacien est trop élevée. »
- « Les gouttes coûtent trop cher, donc je ne les achète pas tout le temps parce que j’ai une petite retraite. »
Il est important d’éduquer le patient dès le départ, afin qu’il comprenne bien le caractère chronique du glaucome et la nécessité de suivre un traitement à vie. Certains patients considèrent le glaucome comme le paludisme, contre lequel on prescrit une dose donnée de médicament qui suffit à la guérison. Il faut qu’ils comprennent que ceci ne s’applique pas au glaucome.
Pour soutenir l’adhésion au traitement antiglaucomateux, la première étape, et la plus importante, est donc l’éducation des patients sur l’importance d’adhérer au traitement. Beaucoup d’établissements de santé prennent en charge des volumes élevés de patients, ce qui ne permet pas aux spécialistes de l’ophtalmologie de passer beaucoup de temps avec chaque patient. C’est donc souvent le personnel infirmier ou paramédical, ou encore des agents de santé communautaires, qui parlent au patient de ses médicaments.
Au Ghana, les patients sont conseillés par des agents communautaires de santé oculaire, qui sont des bénévoles formés suivant le Manuel de formation aux soins oculaires primaires de l’OMS Afrique (http://bit.ly/4bMhOXM). Ce manuel met fortement l’accent sur l’éducation sanitaire et le conseil aux patients, notamment pour leur montrer comment utiliser leurs médicaments pour les yeux.
Les autres stratégies que nous utilisons pour soutenir l’adhésion au traitement comprennent notamment :
Implication des membres de la famille ou des aidants. Faire en sorte que les membres de la famille ou les aidants comprennent ce que le patient doit faire, et pourquoi il doit le faire, car ceci peut vraiment améliorer l’adhésion de ce dernier au traitement ophtalmologique, particulièrement dans le cas d’un traitement à long terme comme celui du glaucome. Nous conseillons toujours aux patients âgés de venir en consultation avec un aidant, si possible, et nous montrons également à cet aidant comment administrer le médicament.
Appels téléphoniques. Nous tenons un registre de tous nos patients atteints du glaucome et nous les appelons tous les deux à trois mois pour leur demander comment se passe leur traitement. Nous essayons également de résoudre leurs problèmes éventuels.
Conseil et éducation sanitaire continue dans la communauté. Le conseil par les pairs, par le biais de groupes de patients, est un autre moyen de soutenir les patients. Les cliniciens peuvent encourager les patients à former des associations et à partager leurs expériences entre eux. Au Ghana, par exemple, il existe une Association ghanéenne des patients atteints de glaucome (Ghana Glaucoma Patients Association ou GGPA). La GGPA contribue à éduquer les nouveaux patients, invite aux réunions des participants qui peuvent répondre aux préoccupations des patients, mène des actions de plaidoyer, et participe aux activités de la Semaine mondiale du glaucome afin de sensibiliser au glaucome.
Plaidoyer pour réduire le coût des médicaments. On ne peut pas s’attendre à ce que les patients adhèrent à leur traitement si leurs médicaments sont inabordables. Dans les pays où il existe une assurance santé, il est important de s’entretenir avec les prestataires d’assurance maladie pour s’assurer que les médicaments oculaires efficaces sont sur la liste des médicaments pris en charge ou sur la liste nationale des médicaments approuvés. Une autre option consiste à demander aux companies pharmaceutiques et aux organisations non gouvernementales de mettre en place des dons de médicaments pour les patients qui en ont besoin mais n’ont pas les moyens de payer. Operation Eyesight Universal a mis de côté des fonds pour soutenir certains patients au Ghana qui n’ont pas les moyens d’acheter leurs médicaments, mais il ne s’agit là que d’une solution à court terme. Le plaidoyer est ici crucial, et nous sommes actuellement engagés dans une action de plaidoyer pour persuader l’assurance maladie du Ghana d’ajouter plus d’antiglaucomateux sur leur liste de médicaments pris en charge.