Aides visuelles grossissantes pour les personnes atteintes de basse vision
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Les aides visuelles grossissantes s’avèrent très utiles pour beaucoup de personnes atteintes de basse vision. Elles leur permettent d’utiliser au mieux leur fonction visuelle et facilitent la réalisation de tâches importantes au quotidien.
Il existe toute une gamme d’aides visuelles grossissantes et la plupart d’entre elles ne coûtent pas cher. Certaines aides conviennent mieux à certaines tâches que d’autres.
Pour aider une personne à choisir une aide visuelle grossissante, il faut :
- Identifier les tâches que la personne souhaite effectuer avec l’aide visuelle
- Prendre en compte les aides visuelles disponibles ou abordables, leurs usages, avantages et inconvénients respectifs
- Estimer le besoin de grossissement : ceci vous permet de sélectionner les aides visuelles que la personne va ensuite essayer
- Décider du grossissement (et de l’aide visuelle) avec la personne, une fois qu’elle aura fait des essais.
Il faut également garder à l’esprit ces deux points importants :
1. Pour tirer le meilleur parti d’une aide visuelle grossissante, il est très important que l’utilisateur porte des verres de correction à jour (meilleure correction). Par exemple, une personne plus âgée doit porter ses lunettes pour voir de près lorsqu’elle teste différentes loupes à poser. Avec des lunettes grossissantes, par contre, le vice de réfraction de la personne sera pris en compte.
2. Le grossissement par lentilles optiques a ses limites, qu’il faut bien comprendre et expliquer à la personne afin que ses attentes soient réalistes :
- Les loupes puissantes ont une plus petite lentille. Il n’existe pas de loupe de grande taille qui soit également de forte puissance.
- Les loupes puissantes présentent plus de distorsion au bord de la lentille. La vision n’est claire qu’au centre.
Ainsi, bien que l’objet ou le mot apparaisse plus gros, l’utilisateur ne pourra voir que quelques lettres ou une partie de l’objet à la fois (Figure 1). Ceci peut de réduire la vitesse de lecture ou de travail (mais avec la pratique celle-ci va grandement s’améliorer).
C’est pourquoi nous recommandons de prescrire la plus faible puissance de loupe dont l’utilisation est confortable sur une longue durée.
Tableau 1. Aides visuelles optiques : usages, avantages et inconvénients
Aide visuelle | Usages | Avantages | Inconvénients |
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Lunettes grossissantes |
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Loupe à main |
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Loupe à poser |
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Télescope monoculaire à main |
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Aides visuelles optiques
Les principales aides visuelles optiques sont : lunettes grossissantes (Figure 2), loupes à main (Figure 3), loupes à poser (Figure 4) et télescopes monoculaires à main (Figure 5). Les trois premières conviennent pour des activités nécessitant une vision de près, alors que le télescope monoculaire sert essentiellement à des activités nécessitant une vision de loin, comme la lecture du tableau noir ou de panneaux de rue. Le Tableau 1 récapitule les principaux usages, avantages et inconvénients de ces aides visuelles.
Aides visuelles électroniques
Les aides visuelles électroniques peuvent être portables ou reliées à un ordinateur de bureau ou écran de télévision.
Ces aides visuelles offrent les plus forts grossissements (de x 1,5 à x 50) et les distances d’utilisation les plus confortables. Un fort grossissement n’entraîne aucune distorsion aux bords de l’écran de visualisation, ce qui ne serait pas le cas avec une lentille. La plupart de ces aides électroniques permettent également à l’utilisateur de contrôler le contraste et la luminosité.
Les aides visuelles grossissantes reliées à un téléviseur (télévision à circuit fermé) ont l’inconvénient d’être encombrantes et fixes ou difficiles à déplacer. Les loupes-souris vidéo (loupes électroniques fonctionnant comme une souris d’ordinateur, à relier à un écran vidéo) offrent plus de flexibilité. Quant aux loupes électroniques portables (Figure 6), elles sont suffisamment légères pour être emmenées à l’école ou au travail.
Toutefois, le principal inconvénient de toutes les aides visuelles électroniques est qu’elles coûtent beaucoup plus cher que les aides optiques. Vous trouverez en page 24 (« Ressources utiles ») des adresses pour les commander à des prix plus abordables.
Estimer le grossissement de près nécessaire
Le grossissement de près qui convient à une personne donnée va dépendre de ses besoins visuels, de son environnement et de l’aide à la basse vision qu’elle a choisie. Toutefois, il est utile d’avoir un point de départ lorsque vous souhaitez assembler une sélection d’aides visuelles que la personne pourra tester. La formule simple detaillée ci-dessous vous permettra d’estimer de quel grossissement de près une personne a besoin (mais n’oubliez pas qu’il s’agit d’une estimation).
Pour les besoins de cette estimation, nous vous suggérons de tester la vision de près à une distance de 25 cm, plutôt qu’à la distance habituelle, et ceci pour deux raisons :
- Lorsqu’on rapproche les objets, ils deviennent plus faciles à voir et le contraste est meilleur, ce qui est important lorsqu’une personne est atteinte de basse vision.
- Une fois que l’on a estimé le grossissement souhaité à 25 cm, il est facile de calculer les dioptries nécessaires pour obtenir ce grossissement.
Grossissement requis pour lire
La formule suivante permet d’estimer le grossissement de près dont aura besoin la personne (x 2, x 6, etc.) :
Grossissement requis = AV mesurée à 25 cm / AV souhaité à 25 cm
1. Mesurez l’acuité visuelle (AV) de près obtenue à 25 cm. Assurez-vous que la personne porte ses lunettes de correction. Si nécessaire, en particulier dans le cas d’une personne âgée, ajoutez à chaque œil des lentilles positives (de + 1 dioptrie à +4 dioptries), afin de permettre l’accommodation à 25 cm.
Utilisez le test de Parinaud composé de phrases. Demandez à la personne de le tenir à 25 cm et de lire à haute voix.
Ne vous efforcez pas d’identifier les plus petits caractères que peut lire la personne. Notez au contraire comme « AV mesurée à 25 cm » la plus petite ligne que la personne peut lire confortablement et de façon fluide ; ceci vous permettra de choisir le bon grossissement de départ pour tester des aides visuelles.
Notez l’AV de près mesurée à 25 cm en notation Parinaud (la formule marche aussi avec la notation M ou N utilisée par les Anglo-Saxons).
2. Identifiez l’AV souhaitée à 25 cm. Demandez à la personne ce qu’elle souhaite pouvoir lire. Déterminez la taille des caractères en notation Parinaud et notez l’AV souhaitée à 25 cm.
3. Utilisez la formule pour estimer le grossissement dont a besoin cette personne. Divisez l’AV de près obtenue à 25 cm par l’AV souhaitée à 25 cm. Le résultat de la division vous fournit une estimation du grossissement dont a besoin la personne. Par exemple, si la personne peut lire P6 et souhaite lire P2, le grossissement nécessaire sera alors x 3.
4. Calculez la puissance en dioptries de l’aide visuelle qui permettra d’obtenir ce grossissement à 25 cm.
Dioptries = Grossissement souhaité à 25 cm x 4
Par exemple, pour obtenir un grossissement x 3 à 25 cm, il faudra une aide visuelle de 3 x 4 = 12 dioptries.
Si vous ignorez la puissance en dioptries des aides visuelles dont vous disposez, vérifiez l’emballage et notez le grossissement commercial affiché. La distance utilisée pour le grossissement commercial est généralement 25 cm (donc la puissance en dioptries d’une aide visuelle est égale à 4 fois le grossissement commercial).
Grossissement requis pour des activités autres que la lecture
Les aides visuelles grossissantes peuvent faciliter la réalisation de beaucoup de tâches en dehors de la lecture (coudre, trier des graines, dessiner, etc.). Les étapes suivantes vous permettront d’estimer le grossissement nécessaire pour ces activités.
1. Lorsque la personne ne sait pas lire, testez sa vision de près avec un test de Parinaud pour illettrés et notez la taille des symboles que la personne peut voir facilement à 25 cm. Il est bien plus facile de distinguer un dessin que de lire une phrase, donc arrêtez-vous des que la personne éprouve quelque difficulté et ne continuez pas avec des symboles de plus en plus petits.
2. Estimez à quelle taille de symbole correspond la tâche que la personne souhaite pouvoir mener à bien (trier des graines, enfiler une aiguille, etc.). Ceci correspond à votre AV souhaitée à 25 cm.
3. Estimez le grossissement nécessaire et les dioptries avec la même formule que précédemment.
Soit par exemple une personne illettrée dont l’AV de près est P6 à 25 cm. Elle souhaite pouvoir trier des graines, ce qui revient à pouvoir distinguer des caractères dans un journal (soit par exemple P3), donc l’AV de près requise sera P3. Le grossissement souhaité est donc 6/3 = x 2. Commencez donc par proposer à cette personne un appareil grossissant de 2 x 4 = 8 dioptries.
Adapter le grossissement en fonction de la personne
Le grossissement obtenu par la formule que nous venons de décrire n’est qu’un point de départ. Il vous faudra ensuite faire essayer à la personne différents grossissements et différentes aides visuelles, puis choisir ensemble ce qui convient le mieux à la tâche qu’elle souhaite réaliser. N’oubliez pas que la personne doit porter ses verres de correction lorsqu’elle teste l’aide visuelle.
Pour tester les différentes aides visuelles, il est important que la personne s’entraîne avec l’activité qui l’intéresse (lecture, couture, etc.). À cette fin, ayez à portée de main dans votre centre de santé du fil et une aiguille, des graines à trier, etc. (en plus de documents imprimés). Vous pouvez aussi demander à la personne d’apporter son propre matériel.
Offrez à la personne des conseils sur la façon de tenir la loupe pour effectuer l’activité désirée et sur l’importance d’avoir le bon éclairage. Si cette personne a besoin d’avoir les mains libres pour réaliser la tâche qui l’intéresse, des lunettes grossissantes lui conviendront mieux qu’une loupe.
Bien qu’il soit préférable de prescrire la plus faible puissance de loupe dont l’utilisation est confortable sur une longue durée, comme nous l’avons expliqué en début d’article, vous pouvez envisager d’augmenter un peu la puissance dans les cas suivants :
- Mauvais éclairage : s’il n’y a pas d’éclairage électrique ou si l’éclairage est faible et ne peut être amélioré
- Tâches de longue durée, par exemple lecture ou devoirs
- Mauvais contraste : par exemple lecture de factures imprimées avec un mauvais contraste
- Distance de travail plus grande : lorsque la personne est physiquement incapable de bien rapprocher le document qu’elle souhaite lire.
En fin de compte, il est crucial que l’aide visuelle sélectionnée convienne à la personne qui va l’utiliser : elle doit être aussi à l’aise que possible. Le choix va dépendre des besoins de la personne, de ses capacités et de son environnement.
Durant une consultation basse vision, vous devez également suggérer des modifications environnementales qui faciliteront les activités quotidiennes (voir pages 8 à 11 ). L’article en page 4 devrait également vous aider à mettre au point une prise en charge complète et individualisée pour chaque patient atteint de basse vision.