RSOC Vol. 13 No. 17 2016 pp 42. Publié en ligne 31 mars 2017.

Audit clinique et amélioration de la prise en charge de la cataracte

Robert Lindfield

Maître de conférences, London School of Hygiene and Tropical Medicine ; Conseiller en santé publique, Public Health England, Royaume-Uni.


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Il vous appartient de déterminer le sujet de votre audit, par exemple les délais d’attente avant consultation. CÔTE D’IVOIRE  © Ferdinand Ama
Il vous appartient de déterminer le sujet de votre audit, par exemple les délais d’attente avant consultation. CÔTE D’IVOIRE © Ferdinand Ama

La réalisation d’un audit clinique est l’un des moyens les plus simples pour améliorer la qualité de la prise en charge de la cataracte.

L’audit clinique est un processus systématique de révision ou d’évaluation par rapport à des critères clairement définis, suivi de la mise en oeuvre de changements. C’est un outil de renforcement de la qualité qui vise à améliorer les soins prodigués aux patients et les résultats. Les médecins, les infirmiers, les optométristes et autres personnels de santé peuvent tous prendre part à un audit clinique et doivent y être encouragés.

Cycle de l’audit

Figure 1. Cycle de l’audit
Figure 1. Cycle de l’audit

Un cycle d’audit se compose de cinq étapes (Figure 1). Une fois la dernière étape réalisée, un nouveau cycle débute (nouvel audit).

1 Identifier le thème ou sujet de l’audit

Existe-t-il dans votre hôpital une question ou un problème qu’il est particulièrement important d’aborder ? Le sujet de l’audit peut être très simple. Il peut s’agir, par exemple, de la propreté des salles de soins (les patients pensent-ils qu’elles sont propres ?) ou d’une formation suivie par le personnel (quelle proportion des membres du personnel a reçu une formation en prophylaxie post-exposition pour les blessures par piqûre d’aiguille ?). Le sujet de l’audit peut également être très complexe ; par exemple, les patients présentent-ils une bonne acuité visuelle (AV) postopératoire ? (Ce sujet est complexe car l’AV postopératoire dépend de plusieurs facteurs).

2 Définir la norme

Il vous faut décider d’une norme de performance à atteindre au vu du sujet de votre audit. Par exemple, souhaitez-vous que 100 % des patients disent que les salles de soins sont propres ? Ou 90 % ? Quel pourcentage serait réaliste ? Faut-il que tout le personnel suive une formation sur les blessures par piqûre d’aiguille, ou est-ce suffisant de ne former que la moitié du personnel ? Dans certains cas, il existe déjà des normes internationales : par exemple, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande que 90 % des opérations de la cataracte aient un résultat visuel supérieur à 3/10e. Vous devez décider quelle norme vous semble adéquate.

3 Recueillir les données

Le recueil de données peut simplement consister à demander à tous les membres du personnel s’ils ont suivi ou non une formation donnée ou à demander à chaque patient quittant le service pendant une semaine donnée ce qu’il pense de la propreté des salles de soins. Le recueil de données à partir de dossiers des patients (par exemple, pour déterminer le pourcentage de patients dont l’AV est supérieure à 3/10e durant un mois donné) est légèrement plus complexe. La tâche sera plus simple si les dossiers des patients sont informatisés.

4 Analyser les données et tirer des conclusions

Il vous faut maintenant comparer vos résultats avec la norme que vous avez définie au début de l’audit et décider de l’étape suivante. Par exemple, que faire si vous souhaitiez que tous les membres du personnel aient suivi une formation donnée et l’audit révèle que celle-ci n’a été suivie que par 80 % du personnel ? Que faire si vous vouliez que 90 % des patients disent que les salles de soins sont propres et que seulement 20 % le pensent ? Que faire si seulement 60 % des patients présentent une AV supérieure à 3/10e après une opération de la cataracte alors que l’OMS recommande un taux de 90 % ?

5 Mettre en oeuvre des changements

C’est là l’étape la plus ardue de l’audit clinique, mais également la plus importante. C’est l’occasion de mettre en application un changement relativement simple et de tester si celui-ci a un effet positif. Parfois, la solution est évidente : si le personnel n’a pas suivi de formation sur les blessures par piqûre d’aiguille, il doit suivre cette formation. Si les patients estiment que les salles de soins ne sont pas propres, elles doivent être mieux nettoyées. Toutefois, le changement à mettre en oeuvre n’est pas toujours évident : par exemple, que faire pour augmenter le pourcentage de personnes dont l’AV est supérieure ou égale à 3/10e après une opération de la cataracte ?

Lorsque vous effectuez un audit clinique, le plus important est de tester de nouvelles solutions si les changements initiaux n’ont pas amélioré la situation. Pour vérifier que les changements mis en oeuvre ont porté leurs fruits, un nouvel audit s’impose : il vous faut entamer un nouveau cycle d’audit et vérifier qu’il y a eu amélioration.

Dans un hôpital, il peut être utile de définir une série standard d’audits à réaliser au cours de l’année. La mise en oeuvre d’un audit est chronophage et il faut donc prévoir une réduction provisoire des obligations habituelles du personnel. Les membres du personnel doivent également partager leurs résultats avec les autres personnels cliniques, par conséquent il sera nécessaire d’organiser des réunions ou des ateliers au cours desquels les résultats de l’audit pourront être discutés. Cela étant dit, le coût d’un audit est généralement très faible et les résultats sont, potentiellement, très utiles.