RSOC Vol. 18 No. 25 2021 pp 15. Publié en ligne 15 septembre 2021.

Comment vérifier l’alignement des yeux et les mouvements oculaires

Eugene Helveston

Directeur international, ORBIS Cyber-Sight, ORBIS International, New York, États-Unis.


Anand Moodley

Directeur du service clinique de neurologie, Universitas Academic Hospital, University of the Free State, Bloemfontein, Afrique du Sud


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Si les yeux d’un enfant ne sont pas bien alignés, ceci risque de diminuer de façon permanente la vision de l’œil dévié. Il faut donc détecter le problème et orienter l’enfant vers un spécialiste le plus tôt possible.

Pour disposer d’une vision binoculaire normale, il faut que les yeux voient bien, soient alignés (regardent dans la même direction) et focalisent correctement sur le même objet. Pour maintenir cet alignement, il faut également que les yeux se déplacent de manière coordonnée.

Un mauvais alignement des yeux est qualifié de strabisme. Ce défaut d’alignement fait que les yeux ne regardent pas en parallèle le même objet. Dans tous les cas de strabisme ou de mauvais alignement, un des yeux est fixé sur ce que la personne souhaite regarder (l’œil fixateur), alors que l’autre œil regarde autre chose (l’œil dévié). Chez le jeune enfant, le cerveau tend à supprimer l’image dans l’œil dévié ; par contre, lorsqu’un nouveau strabisme se développe chez l’adulte, ceci peut entraîner diplopie (vision double). Lorsqu’un enfant présente un strabisme non traité depuis un très jeune âge, la vision dans l’œil dévié peut diminuer de manière permanente : on parle alors d’amblyopie ou « œil paresseux ».

Il est donc très important de détecter un strabisme le plus tôt possible et d’orienter le patient vers un ophtalmologiste ou autre professionnel des soins oculaires dont la formation est pertinente.

Étape nº1. Vérifier l’alignement des yeux à l’aide d’une lampe torche

Commencez par vérifier l’alignement des yeux ; ceci se fait en étudiant le reflet cornéen dans chaque œil. Tenez une lampe torche à un mètre de distance des yeux du patient et cherchez le reflet du faisceau sur la cornée, ou reflet cornéen (méthode de Hirschberg). Lorsque le patient regarde la lampe torche droit devant lui, les reflets cornéens devraient être positionnés de manière symétrique par rapport à l’arête nasale (Figure 1).

Gros plan d’yeux normaux
Figure 1 Yeux droits. Le reflet cornéen est situé au centre de la pupille dans les deux yeux. Bien que les yeux de ce garçon semblent loucher (parce qu’il regarde légèrement vers la gauche et parce que l’arête de son nez est relativement large), le reflet lumineux au centre de chaque pupille confirme que ses yeux sont parallèles et alignés © Nick Astbury CC BY-NC 4.0
Gros plan d’yeux montrant une exotropie de l’œil gauche
Figure 2 Exotropie de l’œil gauche. Le reflet cornéen est centré dans l’œil droit, mais il se situe au niveau de l’iris dans l’œil gauche. © Orbis CC BY-NC 4.0

Lorsqu’un œil est dévié vers l’extérieur, il s’agit d’une exotropie ou strabisme divergent (Figure 2). Lorsqu’un œil est dévié vers l’intérieur (vers le nez), il s’agit d’une ésotropie ou strabisme convergent (Figure 3).

Étape nº2. Vérifier qu’il n’y a pas de positionnement anormal de la tête

Observez le patient et déterminez s’il maintient sa tête dans une position anormale. Dans certain cas, en effet, les personnes présentant un strabisme positionnent leur tête de façon anormale pour tenter de maintenir l’alignement des yeux. Par exemple, un enfant ou un adulte peut tourner la tête ou lever ou baisser le menton pour tenter d’aligner ses yeux avec l’objet regardé.

Étape nº3. Effectuer le test de couverture

Si vous constatez qu’un œil est mal aligné, vous pouvez effectuer le test de couverture pour confirmer cette observation. Supposons par exemple que vous ayez observé une déviation de l’œil droit vers l’intérieur (ésotropie) lorsque le patient regarde droit devant lui (comme dans la Figure 3) ; si vous recouvrez l’œil gauche (l’œil normal), l’œil droit (œil dévié) devrait alors retrouver une position normale. Ceci confirmera que l’œil droit n’était pas aligné avec l’œil gauche lorsque les deux yeux étaient ouverts.

Gros plan d’yeux montrant une ésotropie de l’œil droit.
Figure 3 Ésotropie de l’œil droit. Le reflet cornéen est centré dans l’œil gauche, mais il se situe au niveau de l’iris dans l’œil droit. © Orbis CC BY-NC 4.0

Étape nº4. Vérifier les mouvements oculaires et rechercher la présence d’une diplopie

Lorsque vous recherchez la présence d’un strabisme, il est nécessaire de confirmer que les mouvements oculaires des deux yeux ne sont pas limités dans certaines directions. Il existe neuf directions du regard, illustrées dans la Figure 4. Pour vérifier les mouvements oculaires, maintenez la tête du patient et demandez-lui de suivre du regard votre doigt ou un faisceau lumineux que vous déplacez dans les neuf directions. Notez toute limitation de mouvement éventuelle dans un œil ou les deux.

Figure 4 Neuf photo distinctes, qui sont des gros plan d’yeux illustrant toutes les directions du regard, qui sont, de gauche à droite et de haut en bas : en haut à droite, en haut au centre, en haut à gauche, au milieu à droite, au milieu au centre, au milieu à gauche, en bas à droite, en bas au centre, en bas à gauche.
Figure 4 Yeux en bonne santé illustrant les neuf directions du regard. © ICEH CC BY-NC 4.0

Si un patient se plaint de vision double (diplopie), alors demandez-lui si le faisceau lumineux paraît double lorsque vous vérifiez ses mouvements oculaires ; posez la question pour chaque direction du regard. La direction du regard dans laquelle la diplopie est la plus prononcée peut permettre d’identifier le nerf ou muscle qui ne fonctionne pas.