Conseils pour l’évaluation de la vision chez le nourrisson et le jeune enfant

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Chez le nourrisson et le jeune enfant, une intervention précoce peut permettre d’éviter des décennies de déficience visuelle. Cet article offre des astuces et conseils pour bien réussir l’examen de la vision et explique les réactions attendues chez un nourrisson en bonne santé.

Évaluation de la vision chez le nourrisson (0 à 1 an)

L’examen d’un nourrisson ne devrait pas vous inquiéter. Si l’enfant est réveillé et attentif, vous pourrez récolter beaucoup d’informations simplement en observant ses réactions et en interrogeant ses parents.

• Demandez d’abord l’opinion des parents sur la vision de leur enfant.
• Observez la façon dont le nourrisson regarde ce qui se trouve dans la pièce, par exemple les fenêtres ou les lampes
• Vérifiez que l’enfant regarde ses parents dans les yeux.
• Est-ce que l’enfant observe les personnes entrant dans la pièce ?
• Est-ce que l’enfant réagit lorsque l’on sourit en silence ou lorsque l’on hausse les sourcils ?
• Est-ce que l’enfant vous regarde dans les yeux ?

Il faut avoir des attentes réalistes et s’attendre à des réactions qui correspondent à l’âge du nourrisson.

Le Tableau 1 vous indique quand un nourrisson est trop jeune pour avoir une réponse visuelle, à partir de quel âge cette réponse se développe généralement, et à quel âge vous devez vous inquiéter si le nourrisson n’a pas la réaction attendue. Vous pouvez vérifier vous-même les réactions du nourrisson ou demander à la mère.

Par exemple, si un nourrisson âgé de trois semaines ne se tourne pas vers une source de lumière diffuse, par exemple la lumière provenant d’une fenêtre, il n’y a pas nécessairement lieu de s’inquiéter (toutefois, si les parents sont inquiets, ne mettez pas en doute ce qu’ils rapportent). Par contre, si un nourrisson âgé de huit semaines ne se tourne toujours pas vers une source de lumière diffuse, alors il y a peut-être un problème et il faut procéder à des examens supplémentaires.

N’oubliez pas que le développement peut varier d’un nourrisson à l’autre ; les grandes lignes décrites dans le Tableau 1 devraient toutefois vous être utiles.

Tableau 1 Fonctionnement visuel normal chez le nourrisson

Conseils pour l’examen d’un nourrisson

• Essayez de toucher l’enfant le moins possible durant l’examen. Les enfants ont souvent tendance à lutter lorsque l’on essaie de maintenir leurs yeux ouverts, par exemple.
• Assurez-vous d’avoir plusieurs jouets à portée de main. L’enfant fixera momentanément son regard sur chaque nouveau jouet, ce qui vous permettra un examen rapide. Si possible, utilisez des jouets de couleur vive et qui clignotent. Il est bon de se rappeler cette règle : « un jouet, un coup d’œil », car les nourrissons se désintéressent vite.
• N’ayez pas peur de faire des bruits bizarres. Ils vous permettront d’attirer l’attention de l’enfant et de faire en sorte qu’il reste calme et intéressé par ce qui l’entoure. Vérifier la bonne fixation du regard, par exemple sur votre visage.
• Pour effectuer un examen plus détaillé du nourrisson, vous pouvez l’examiner pendant que sa mère le nourrit au sein ou au biberon.
• Si vous avez des difficultés à examiner l’enfant, demandez aux parents l’autorisation de l’emmailloter ; l’enveloppement peut aider l’enfant à se sentir en sécurité et va également maintenir ses mains à distance de votre équipement. Pour emmailloter l’enfant, placez-le sur un drap ou sur une couverture, maintenez ses bras le long du corps et ses jambes droites, puis enveloppez son corps et ses bras avec la couverture (Figure 1)¹. Demandez au parent de tenir l’enfant, puis demandez au parent ou à la personne qui vous assiste d’ouvrir les yeux du nourrisson, l’un après l’autre, en plaçant doucement un doigt sur la paupière supérieure et en la remontant ; faites d’abord la démonstration de ce geste sur votre propre œil. Encouragez et rassurez les parents, car cette expérience peut être très stressante pour eux comme pour leur enfant.

Évaluation de la vision chez le jeune enfant (1 à 5 ans)

Un enfant de cet âge doit avoir les yeux droits, ne pas présenter de strabisme (voir page 15), pas d’antécédents de difficultés visuelles et, lorsque l’enfant est de bonne humeur, il doit s’intéresser aux objets intéressants ou de couleur vive qui se trouvent dans la pièce. Il doit aussi réagir lorsque l’on sourit en silence, lorsque l’on hausse les sourcils, ou quand on lui fait un clin d’œil.

Un enfant de cet âge doit aussi être capable de voir les objets présentés à la périphérie de son champ de vision par un collègue au moment où vous attirez son attention vers votre visage, par exemple en faisant des bruits amusants. Occultez un œil après l’autre, si l’enfant le permet, et demandez à l’enfant d’identifier des objets de taille différente ou, dans le cas d’un enfant suffisamment âgé, des lettres différentes. Faites-en une activité ludique.

À l’âge de trois ans, beaucoup d’enfants connaissent bien le nom des couleurs, mais beaucoup ne l’apprennent que plus tard ; c’est en tous cas rassurant lorsque la reconnaissance des couleurs est déjà acquise.

À partir de trois ans, la plupart des enfants peuvent participer à un examen précis de l’acuité visuelle, du champ visuel et de la vision des couleurs, si celui-ci est pratiqué par une personne formée et avec un matériel adapté aux enfants de leur âge.

Si vous n’avez pas accès à l’équipement adapté, ou n’avez pas été formé à son utilisation, vous pouvez quand même tester la vision fonctionnelle d’un enfant à l’aide d’objets du quotidien, comme décrit ci-dessus.

Conseils pour l’examen d’un jeune enfant

Les astuces suggérées plus haut pour l’examen d’un nourrisson s’appliquent également à l’examen d’un jeune enfant. Par ailleurs :

• Distrayez l’enfant et faites en sorte que l’examen s’apparente à un jeu (Figure 2). Par exemple, vous pouvez commencer par diriger le faisceau de la lampe vers les yeux de la mère de l’enfant ; lorsque vous occultez un des yeux de l’enfant, dites « Coucou ! » ou faites comme si vous jouiez à cache-cache.
• Observez l’enfant à son insu, par exemple quand vous discutez avec sa mère ou quand vous effectuez le recueil des antécédents.
• La suggestion d’emmailloter l’enfant peut servir dans le cas d’un enfant très jeune, mais sera plus difficile à mettre en œuvre avec un enfant plus âgé. Si vous avez des difficultés à réaliser l’examen, demandez aux parents quelle serait selon eux la meilleure solution. Par exemple, certains parents préféreront asseoir l’enfant sur leurs genoux et l’envelopper affectueusement de leurs bras, ce qui le rassurera et maintiendra aussi doucement ses bras le long du corps.

Adapté de : Baiyeroju A et al. Prise en charge de la santé oculaire chez le jeune enfant. Revue de Santé Oculaire Communautaire, vol. 8, nº10 : 28–35.

Référence

1 Voir aussi : Stevens S. Comment empêcher un très jeune enfant de se débattre pendant un examen oculaire. Revue de Santé Oculaire Communautaire, vol. 5, nº5 : page 22.