RSOC Vol. 05 No. 05 2008 pp 23. Publié en ligne 01 janvier 2008.

La biomicroscopie du fond d’œil sans lentilles de contact

Henry Nkumbe

Ophtalmologiste, Consultant de CBM ; Service d’ophtalmologie FLM-SALFA, BP 244 Antsirabe 110, Madagascar.


Andy Cassels-Brown

Ophtalmologiste, Chef de service, Leeds Teaching Hospitals Trust, LS7 4JT, West Yorkshire, Royaume Uni.

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Figure 1. Oculaire supplémentaire d’une lampe à fente (vue de la partie proximale). Henry Nkumbe
Figure 1. Oculaire supplémentaire d’une lampe à fente (vue de la partie proximale). Henry Nkumbe

La biomicroscopie du fond d’œil est la méthode de référence dans le diagnostic et le suivi des pathologies de la rétine et de la papille. À l’aide d’une lampe à fente, cette technique, qui nécessite une lentille de biomicroscopie (78 ou 90 D) ou une lentille de contact (par exemple la lentille à trois miroirs de Goldman), permet l’obtention d’une image en trois dimensions avec un grossissement d’environ 10x. Elle combine donc les avantages de l’ophtalmoscopie directe et indirecte.

Cependant, on observe que, dans plusieurs pays d’Afrique, cette technique est délaissée au profit de l’ophtalmoscopie directe. Les principales raisons sont l’absence de lentilles de biomicroscopie ou le manque de formation sur l’utilisation de ces dernières.

Nous proposons une technique très simple permettant d’effectuer la biomicroscopie quand les lentilles mentionnées plus haut ne sont pas disponibles. Il s’agit de la biomicroscopie du fond d’œil à l’aide d’un oculaire de lampe à fente supplémentaire.

Plusieurs lampes à fente sont livrées avec une paire d’oculaires supplémentaire (grossissement 10x ou 16x) (Figure 1). Aussi, dans beaucoup de services d’ophtalmologie en Afrique, on trouve aujourd’hui des lampes à fente qui ne fonctionnent plus depuis quelques années et « prennent la poussière dans un coin ». Il est possible de rendre vie à ces microscopes en utilisant leurs oculaires pour pratiquer la procédure proposée ici.

Figure 2. Placer la partie proximale de l’oculaire à 5-10 mm environ de la cornée. Henry Nkumbe
Figure 2. Placer la partie proximale de l’oculaire à 5-10 mm environ de la cornée. Henry Nkumbe
Figure 3. Utilisation de l’oculaire pour la biomicroscopie du fond d’œil. Henry Nkumbe
Figure 3. Utilisation de l’oculaire pour la biomicroscopie du fond d’œil. Henry Nkumbe

La technique d’examen du fond d’œil avec l’oculaire est similaire à celle appliquée pour les lentilles de 78 D ou 90 D. La voici en résumé :

  • Dilatez les pupilles du patient avec les collyres mydriatiques habituels
  • Installez le patient et vous-même confortablement à la lampe à fente
  • Mettez la salle de consultation dans l’obscurité
  • Focalisez un faisceau lumineux d’environ 3 mm de largeur et d’intensité faible à moyenne sur la partie centrale de la cornée du patient
  • Demandez au patient de regarder à côté de votre oreille et derrière vous, en utilisant l’œil qui n’est pas examiné, et de bien ouvrir les yeux
  • Vous pouvez également écarter les paupières de l’œil à examiner
  • Placez l’oculaire supplémentaire à 5 mm environ de la cornée, la partie proximale tournée vers la cornée du patient (voir Figures 2 et 3). Essayez de garder un plan parallèle avec le faisceau lumineux de la lampe à fente
  • Tirez le manche de la lampe à fente progressivement vers vous, jusqu’à l’apparition du reflet rouge de la pupille
  • Procédez maintenant à de petits ajustements, soit en faisant avancer l’oculaire placé devant le patient vers vous, soit en poussant le manche de la lampe à fente doucement vers le patient, jusqu’à l’apparition des vaisseaux rétiniens
  • Visualisez maintenant le fond d’œil
  • Essayez de ne pas passer plus de 3 à 5 minutes par fond d’œil et d’utiliser la luminosité de la lampe à fente la plus faible possible qui vous permet néanmoins de bien examiner le fond d’œil.