Lutter contre les géohelminthiases chez les enfants
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On estime qu’entre 800 et 900 millions d’enfants dans le monde sont infectés par des vers intestinaux. La majorité de ces enfants vit en Asie et en Afrique.
Il existe trois principaux types de vers intestinaux :
- le ver rond (Ascaris)
- le trichocéphale (Trichuris)
- l’ankylostome (deux espèces : Necator americanus et Ancylostoma duodenale).
Ces vers, également connus sous le terme de géohelminthes, affectent principalement les enfants et les femmes en âge de procréer. Les enfants infectés peuvent développer une anémie et une asthénie. Ils peuvent aussi éprouver des difficultés d’apprentissage. Les vers absorbent les nutriments essentiels dans l’intestin, ce qui peut affecter la croissance, la santé et la nutrition des enfants. Certaines études ont montré que les enfants fortement infectés présentent une détérioration des fonctions cognitives, à laquelle un traitement vermifuge peut permettre de remédier1. Les femmes enceintes infectées par l’ankylostome peuvent également développer une anémie, ce qui peut entraîner un faible poids à la naissance et compromettre les chances de survie et la santé future du nouveau-né.
Transmission
Les vers intestinaux sont généralement associés à un assainissement de mauvaise qualité, notamment un manque d’accès à des toilettes (latrines) et à des dispositifs de lavage des mains. Le manque d’accès à des toilettes et la défécation à l’air libre dans les champs entraînent une contamination des sols. Si les conditions leur sont favorables, les oeufs des vers peuvent rester des mois, parfois des années, dans le sol. Les larves de l’ankylostome pénètrent la peau des pieds lorsque ceux-ci entrent en contact avec un sol contaminé. La transmission du ver rond et du trichocéphale se produit lorsque des mains sales, contaminées par des excréments humains, entrent en contact avec la bouche (transmission féco-orale).
Prévenir la transmission
Les messages d’éducation sanitaire les plus importants sont l’utilisation de latrines bien entretenues et la pratique du lavage des mains après passage aux toilettes et avant les repas.
Lutter contre les vers
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande une chimiothérapie préventive, ou distribution de masse de médicaments (DMM), lorsque la prévalence de l’infection chez les enfants est supérieure à 20 % (c’est-à-dire que plus de 20 enfants sur 100 ont des vers). La DMM offre aux enfants une période sans vers au cours de laquelle ils peuvent absorber correctement les nutriments de leur alimentation et grandir. Le traitement est renouvelé tous les 6 à 12 mois en fonction de la prévalence de l’infection au sein de la communauté. Dans les zones de forte transmission, il est nécessaire de renouveler le traitement à plusieurs reprises et pendant plusieurs années.
Les enfants d’âge scolaire sont souvent fortement infectés et, les écoles étant facilement accessibles, le traitement et la prévention des géohelminthiases font désormais partie des programmes de santé scolaire dans les pays où ce type d’infection constitue un problème. Tous les 6 à 12 mois, généralement, une journée de déparasitage est organisée, durant laquelle un traitement vermifuge est administré en parallèle à des leçons d’hygiène et d’assainissement. Ce sont généralement les enseignants qui distribuent les médicaments vermifuges et s’assurent que les enfants les prennent correctement.
Au niveau mondial, l’expansion des programmes de lutte contre les géohelminthiases a été lente, mais la situation commence à changer. Désormais, les dons de médicaments fournis par Johnson & Johnson et GlaxoSmithKline couvrent les besoins de tous les enfants d’âge scolaire dans les 112 pays où les enfants sont exposés au risque d’infection. À l’heure actuelle, 45 pays reçoivent ces dons de médicaments. Par ailleurs, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et d’autres organisations proposent un traitement aux enfants d’âge préscolaire dans le cadre de programmes de vaccination ou de supplémentation en vitamine A. Nous oeuvrons désormais ensemble à l’échelle mondiale, unis par une vision commune, pour lutter contre les géohelminthiases.
Même si les médicaments vermifuges sont maintenant disponibles gratuitement, le déparasitage requiert des capacités organisationnelles et techniques pour que les médicaments soient acheminés jusqu’aux écoles et administrés de manière efficace. Des plans d’actions nationaux sont actuellement en cours d’élaboration, qui prévoient non seulement le traitement des géohelminthiases, mais aussi celui d’autres maladies tropicales négligées. Une fois ce plan développé, chaque pays peut faire sa demande de médicaments vermifuges par l’intermédiaire de l’OMS. Les pays doivent prouver qu’ils disposent de l’infrastructure et du financement nécessaires pour distribuer les médicaments dans les écoles en milieux rural et urbain, pour former les enseignants à l’administration des médicaments aux enfants et pour mobiliser les communautés et les encourager à participer aux programmes.
Deux priorités s’imposent si nous voulons éliminer les géohelminthiases d’ici 2020 :
- Intensification. L’expansion des programmes est particulièrement importante dans les pays étendus (notamment Inde, Nigeria, Éthiopie, Indonésie et République démocratique du Congo) pour que tous les enfants aient accès au traitement vermifuge s’ils en ont besoin.
- Pérennité. En plus d’accroître la couverture de la DMM, il faut également mettre l’accent sur l’éducation à l’hygiène, qui peut être réalisée en collaboration avec le secteur Eau, Assainissement et Hygiène. Cette collaboration est essentielle pour prévenir la transmission et assurer un succès à long terme (voir pages 8 et 9).
Que peuvent faire les professionnels de la santé oculaire ?
Il peut être utile de se renseigner sur l’existence éventuelle de programmes de déparasitage en milieu scolaire. Ces programmes sensibilisent les écoles aux questions de santé et les journées de déparasitage peuvent constituer une excellente plateforme pour la délivrance d’autres interventions de santé publique, comme l’éducation sanitaire ou le dépistage de troubles visuels. Les enfants scolarisés retireraient encore plus de bénéfices d’interventions de santé intégrées, ne se limitant pas à un traitement vermifuge ou à un examen de la vue.
Référence
1 Nokes C, Grantham-McGregor SM, Sawyer AW, Cooper ES, et al. (1992) Moderate to heavy infections of Trichuris trichiura affect cognitive function in Jamaican school children. Parasitology 1992;104:539–547.