RSOC Vol. 12 No. 15 2015 pp 25 - 26. Publié en ligne 10 mars 2016.

Sécurité des patients dans les pays à faible revenu

Robert Lindfield

Maître de conférences, London School of Hygiene and Tropical Medicine ; Conseiller en santé publique, Public Health England, Royaume-Uni. [email protected]

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La sécurité des patients doit figurer au premier rang de nos priorités. ÉTHIOPIE. Lance Bellers/ICEH
La sécurité des patients doit figurer au premier rang de nos priorités. ÉTHIOPIE. Lance Bellers/ICEH

Le concept de « d’abord, ne pas nuire » est enseigné à tous les étudiants en médecine et étudiants en soins infirmiers. Cette phrase signifie que notre premier devoir, en tant que professionnel de la santé, est de nous assurer que les soins prodigués ne causent aucun préjudice aux patients.

Malheureusement, nous savons que de nombreux patients subissent un préjudice lorsqu’ils reçoivent des soins de santé. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que, dans les pays à revenu élevé, jusqu’à 10 % des patients sont victimes d’ « événements indésirables » ou « incidents critiques », soit des événements ou incidents qui ont altéré leur santé et qui auraient pu être évités.1

Les coûts associés aux préjudices sont nombreux pour le patient et l’établissement de soins. Le patient doit endurer douleurs, inconfort et détresse en plus de dépenses financières (dues par exemple à l’augmentation du nombre de visites à l’hôpital). Le système de soins doit faire face au coût financier d’un séjour hospitalier plus long et/ou requérant plus de traitements ou des traitements différents. Il faut ajouter à cela des coûts juridiques de plus en plus fréquents, car le nombre de patients qui poursuivent en justice l’hôpital ou le clinicien à la suite d’un incident grave est en augmentation.

Le grand nombre de préjudices causés aux patients et les coûts qui en découlent rendent la sécurité des patients extrêmement importante.

Cette dernière peut être abordée de deux façons :

  1. Prévention des incidents critiques
  2. Retour sur expérience après incidents critiques et mise en œuvre de changements pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent.
La vérification des instruments fait partie des activités de prévention des incidents. CÔTE D’IVOIRE. Ferdinand Ama
La vérification des instruments fait partie des activités de prévention des incidents. CÔTE D’IVOIRE. Ferdinand Ama

1 Prévention des incidents critiques

Il s’agit ici de prévenir les préjudices aux patients en introduisant des processus et procédures qui en réduisent le risque de survenue. Par exemple, le fait que toute personne effectuant une intervention chirurgicale change de vêtements et se lave les mains avant de commencer est une façon de prévenir les préjudices. En se lavant les mains avec un savon chirurgical et en changeant de vêtements avant l’intervention, l’on réduit le risque de transmettre une infection au patient. D’autres exemples d’activités de prévention incluent la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale de l’OMS (qui propose une méthode formelle pour s’assurer que la bonne intervention est effectuée sur le bon patient selon les bonnes méthodes), la double vérification des doses de médicaments par le personnel, l’entretien régulier des équipements et la stérilisation des instruments, pour n’en citer que quelques-uns. Deux caractéristiques essentielles des procédures de sécurité sont leur caractère routinier (c’est-à-dire que tout le monde les exécute à chaque fois) et le fait qu’elles sont documentées pour prouver que la procédure a bien été suivie (par exemple la liste de contrôle de la sécurité chirurgicale de l’OMS est remplie et conservée dans le dossier du patient). Si les procédures ne sont suivies que par quelques personnes et pas de manière systématique, elles sont moins efficaces. Un bon exemple en est l’hygiène des mains au sein du personnel : il a été démontré dans plusieurs établissements que celle-ci varie au sein de l’hôpital, ce qui expose les patients et le personnel à la transmission d’infections.

2 Retour sur expérience après des incidents critiques

Même dans les meilleurs hôpitaux et cliniques, des patients subissent parfois des préjudices. Il est important que le personnel soignant tire les leçons de chaque incident critique et mette en place des mesures pour éviter que le même incident ne se reproduise (et que d’autres patients ne subissent également un préjudice).

Après un événement indésirable, un des principes-clés du processus de retour sur expérience est de ne « jeter la pierre » à personne. Lorsque quelque chose ne se passe pas bien, notre réaction habituelle est de trouver un responsable. Toutefois, dans de nombreux cas, des problèmes bien plus vastes sont à l’origine de l’erreur ou de l’incident.

Un leadership efficace est requis pour que les membres du personnel tirent les leçons des erreurs commises et améliorent la sécurité à l’hôpital. Il faut mettre en place un système pour enquêter sur les événements indésirables et rechercher la raison de leur survenue (voir page 31). L’enquête doit être menée avec la coopération de l’ensemble de l’équipe de santé oculaire, car les solutions qui permettent de diminuer la fréquence des incidents critiques requièrent généralement un changement d’attitude de la part des individus. Si les membres du personnel comprennent la raison du changement, ils sont plus susceptibles de l’adopter. Accuser le personnel, plutôt que d’explorer les problèmes à l’origine de l’incident, pourrait contribuer à créer un climat de crainte dans lequel les individus tentent de cacher les problèmes et ne signalent pas les incidents critiques.

Les articles de ce numéro abordent différents aspects de la sécurité des patients et offrent des idées sur la façon d’empêcher que des patients subissent des préjudices. Il est également question de la sécurité et de la santé du personnel, qui sont essentielles à la réalisation de la sécurité des soins.

Référence

1 OMS. Dix faits sur la sécurité des patients.